Article écrit le : 12 mai 2020
Catégorie : Conseil

Premier impacté par la crise Covidienne et dernier impacté par la reprise. C’est presqu’à cela qu’on pourrait résumer la situation des entreprises qui évoluent sur le vaste marché restreint de l’événementiel.

Si on considère que les acteurs ont subi des annulations ante-covid et que le nombre d’incertitudes est supérieur à toute probabilité de certitudes, on peut déclarer le marché de l’Événementiel Game Over pour 2020. Il restera des miettes, quelques événements, rien de grand, rien de fou, juste de l’utile.

De ce fait, ce n’est pas jusqu’au déconfinement qu’il faut tenir, non il faut tenir pendant 9 mois. Avoir une entreprise construite sur une base 100 et se trouver à la fin de l’année avec 20 nécessite 2 ingrédients majeurs : pour l’entreprise, avoir les reins solides financièrement et pour le dirigeant, être décisif

Les aides de toutes sortes seront des amortisseurs et en aucun cas des compensations.

Les reins solides car aucun changement n’est digeste sous pression financière. Je l’ai déjà écrit par ailleurs, on réfléchit moins bien aux enjeux de mutation de sa stratégie sous tension de trésorerie.

Décisif car ce sont les mesures et décisions qui seront prises rapidement par le ou les dirigeants qui permettront de se donner les moyens de construire, non pas l’après, mais le nouveau.

Toute entreprise du secteur qui tenterait de courber le dos en attendant des jours meilleurs, de résonner à isopérimètre d’avant, de considérer que les changements porteront uniquement sur le Combien et pas sur le Comment seront en grande difficulté en 2021.

D’un marché très programmatique, nous passons à un marché éclectique où chaque acteur encore debout cherchera à se repositionner.

Nul ne sait répondre à ce qui se fera par rapport à ce qui se faisait. Quid des grands événements, des grandes messes Corporate, des grands salons, des grandes foires, des concerts, … ? Et ça c’est pour les grands événements.

Pour les plus petits événements, c’est encore pire car au-delà de la volonté des acteurs à vouloir relancer de nouveaux événements, il y a la donnée économique à intégrer en termes de moyens, la priorisation des affectations budgétaires, le sens et l’utilité de chaque événement, le ROI attendu par l’initiateur, …

A cela s’ajoute la conscience des enjeux RSE qui s’est invitée à la table des décideurs sur les sujets tels que les déplacements, le CO2, le jetable, l’éphémère, …

Mais comme toujours et fort heureusement, cela offre de véritables opportunités pour les entreprises qui arriveront, selon moi, à intégrer 3 changements majeurs :

Tout d’abord l’Agilité car il va falloir en faire preuve pour s’adapter aux changements supposés. Multi-compétences internes, souplesse organisationnelle, mobilité individuelle et collective, réapprendre de tout, aller sur de nouveaux marchés, repenser son offre de service et j’en passe

Ensuite dans l’approche du Territoire car d’un point de vue des clients certains devront aller les chercher plus loin quand d’autres devront les chercher plus près, mais aussi d’un point de vue sociétal où cette période à démontrer l’importance des circuits courts, de la collaboration territoriale, de l’engagement des collaborateurs et des acteurs locaux.

Et enfin la stratégie d’alliance qui consiste à imaginer d’anciens concurrents comme de nouveaux partenaires, à envisager des rapprochements pour éviter que se perdent des compétences et des savoir-faire et à envisager la co-traitance, plus vertueuse que la sous-traitance.

Le monde économique de l’Événement est en émoi et il faut bien reconnaître que le niveau de criticité est élevé. Néanmoins il y a aura toujours des événements car ça fait partie de notre ADN économique et de notre écosystème. Alors est-ce que ce sera un événement de 2000 personnes ou 10 événements de 200, est-ce que le fond de l’événement prendra le pas sur la forme, nul ne sait à ce jour.

Ce qui est sûr, c’est qu’un événement est devenu un business avant d’être une fête, peut-être que l’inversion de sens donnera de nouvelles perspectives.

Tribune co-écrite par Christophe PRAUD Maven france et Alexis DEVILLERS ALIVE Groupe, le 12 mai 2020.